samedi 15 mai 2010

Privatisation de services publics & santé publique: l'eau comme arme de chantage


Quiconque a voyagé en Angleterre après la libéralisation des chemins de fer brittons, pourtant les plus vieux du monde, ne manquera de se souvenir de la gagebie ambiante une fois le tout confié aux mains de "gestionnaires habiles car professionnels"
Tout s'est effondré, tant qualitativement que quantitativement. Et plus ça allait mal, plus les sociétés cotées en Bourse à la City londonienne empochaient de plantureux bénéfices.
A présent on est arrivés à un point-clé pour la survie même des habitants du pays : l'eau potable. Elle est de plus en plus privatisée. Son retraitement aussi. Preuve par l'exemple que c'est une erreur capitale.





n.c.

Lundi 28 décembre 2009
Carte blanche

Un collectif de militants associatifs et syndicalistes belges (*)

L’arrêt de la station d’épuration de Bruxelles-Nord, décidé unilatéralement par Aquiris, filiale du groupe français Veolia Environnement, a eu et continue d’avoir des conséquences dramatiques pour les trois rivières flamandes dans lesquelles se déversent maintenant la moitié des eaux usées de la ville de Bruxelles, et pour tous leurs riverains.

Quelles qu’aient été les raisons de cette cessation d’activités, elles ne sauraient excuser le comportement irresponsable de cette société qui a osé polluer gravement une région entière dans le seul but de faire monter les enchères dans sa négociation avec les services de la Région de Bruxelles Capitale pour décider qui devait assumer la responsabilité, et donc le coût, de dégager l’entrée de la station. La « sécurité » invoquée par l’exploitant pour justifier cet arrêt a bon dos. Son intention proclamée de rétablir le fonctionnement de la station et de se présenter comme sauveur allant « au-delà de ses obligations contractuelles » est particulièrement cynique : il pouvait très bien prendre ce genre de décision avant d’anéantir volontairement ses « années d’efforts pour assainir les eaux de la Senne, du Ruppel, de l’Escaut et d’autres rivières ».

Le débat tend maintenant à épouser les lignes, classiques dans notre pays, de la querelle communautaire : les eaux usées bruxelloises ont pollué des rivières flamandes, reflet du cycle de l’eau qui se joue bien des frontières humaines. Ce débat est inévitable aujourd’hui mais sans doute pas le mieux adapté à la question qui nous occupe ici : quoi qu’il advienne de la Belgique, néerlandophones et francophones resteront voisins et continueront de devoir gérer ensemble leurs rivières communes. La question de savoir au nom de quoi une entreprise privée peut se permettre de prendre en otage l’environnement d’une région entière par le monopole qu’elle détient de la gestion d’un service public essentiel est beaucoup plus grave et ne doit pas être occultée. Nous demandons donc à la Région de Bruxelles Capitale de prendre les mesures qui s’imposent :

1. Prendre le contrôle d’Aquiris pour que pareil scandale ne se reproduise pas.

2. Associer démocratiquement l’ensemble des riverains des rivières concernées, et leurs institutions représentatives, à la gestion des eaux des bassins versants qui traversent la Région pour ne pas laisser la question de l’eau otage des querelles communautaires.

(*) Riccardo Petrella (professeur à l’UCL), Martin Pigeon (Corporate Europe Observatory), Francis Dewalque (groupe AGCS Forum social de Belgique), Raouf Ben Amar (Forum social bruxellois), Gilbert Lieben (CGSP Admi), Sophie Heine (politologue), Kim Lê Quang (Aquattac), Francine Mestrum (Global Social Justice), ACME-France, Raf Verbeke (syndicaliste), Anna Theisen (Forum social Brabant wallon).


Republié dans "tribune", le mensuel du syndicat FGTB/CGSP, édition "admi", février 2010, page 14

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