lundi 15 juillet 2019

Quand l'ONU dédouane puis accuse quand même.. (Srebrenica)

à (re)lire aussi :

Enjeux géopolitiques et économiques au Kosovo (rapport Collectif pour la Paix au Kosovo-Métochie 10/2007) 

https://zoonpolitikon2.blogspot.com/2008/04/enjeux-gopolitiques-et-conomiques-au.html


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Yves Bataille :
https://www.facebook.com/profile.php?id=100009140182723
Documentation et témoignages abondent. L’Armée de la Republika Srpska (VRS) est entrée dans l’enclave avec seulement 200 hommes et 4 blindés. Elle n’a pas rencontré de résistance. Les morts de Srebrenica ne sont pas le résultat d’un massacre organisé comme l’a prétendu l’administration états-unienne mais proviennent de la colonne mixte de la 28ème Division de l’Armija Bosniaque, qui devait tenter une percée en direction des lignes musulmanes et... la réussir en partie puisque les Serbes devaient la laisser passer. C’est dans cette colonne d’environ 12.000 à 15.000 individus dont au moins 6.000 armés, que des pertes furent occasionnées dans des combats classiques avec des individus qui n’avaient pas rendu les armes, ce qui dans le droit de la guerre constitue une cible légitime.
LE MONTAGE DE SREBRENICA !
Il a consisté à inventer un massacre de masse en imputant aux Serbes une tuerie collective de civils. En réalité les gens morts après la chute de l'enclave étaient tous des combattants islamistes armés soutenus par les Américains et leurs complices occidentaux.
- Pour faire du chiffre, on a additionné ceux qui étaient morts dans les combats antérieurs à la chute de l'enclave et ceux qui devaient être tués les armes à la main lors de la rupture du blocus. 12 à 15.000 mudjahidine armés par les Américains, avec un nombre indéterminé de civils dans la retraite, avaient en effet tenté de passer les lignes serbes pour gagner la zone musulmane. C'est au sein de ce groupe (le 28 ème division de l'Armija du Frère Musulman Izetbegovic), qu'il y a eu des tués. Les chiffres avancés depuis le début du lancement de cette affaire sont faux. Ici on parle de 6000 tués alors qu'ailleurs ils disent 8000. Malgré un accord de délimitarisation, l'enclave terroriste était alimentée en permanence en armes par des avions de l'OTAN qui parachutait de nuit le matériel. Quelques jours avant la chute de l'enclave, le chef militaire des lieux, Nacer Oric, avait été évacué en hélcoptère vers Sarajevo. La chute de l'enclave fut prévue d'un commun accord entre Izetbegovic et Clinton : il s'agissait de provoquer un choc médiatisé pour incriminer les Serbes et les bombarder. La republika Srpska (Serbes de Bosnie) devait être bombardée en 1995 bien avant la Serbie (République de Serbie/Belgrade) qui le fut en 1999... »

« Je suis un citoyen français ayant décidé en 1993 de m’installer en Serbie pour mener la lutte d’indépendance nationale et continentale à partir de l’Est de l’Europe. Le fait que ma femme soit serbe n’est pas la cause de mon engagement du côté des Serbes mais en est plutôt une conséquence. Je précise cela parce que cette affirmation revient souvent chez des gens qui ne me connaissent pas. J’ai vécu une partie de la guerre yougoslave comme les bombardements de l’OTAN en 1999, vu de près certains évènements de Bosnie et du Kosovo. Je puis donc témoigner de ces faits en connaissance de cause et les mettre en perspective pour leur donner un sens. Ainsi, la guerre yougoslave n’a été ni une guerre ethnique ni une guerre religieuse comme on le prétend, mais la première phase des « guerres humanitaires » du monde unipolaire consécutif à la fin de l’Union Soviétique et leur « laboratoire ».
Comment avez-vous été contacté par la défense de Radovan Karadžić, comment vous connaissaient-ils et que pensaient-ils que vous puissiez apporter au dossier ?
Le cercle qui défend Radovan Karadžićà Belgrade et à Banja Luka me connaissait. Cela date de la guerre en Bosnie. Quand Radovan Karadzic a été déporté à La Haye j’ai dit que j’étais prêt à témoigner en sa faveur s’il le désirait et quand son avocat, maître Robertson, me l’a demandé, j’ai aussitôt accepté. Une semaine après la chute de l’enclave de Srebrenica, je me trouvais en effet dans le bureau de Karadžić à Pale, à ce moment-là capitale de la Republika Srpska, près de Sarajevo. Ce jour-là, Karadžić a reçu devant moi un fax en provenance de l’enclave musulmane indiquant que l’évacuation des populations civiles s’était déroulée correctement. Portant en-tête et tampon des Nations Unies, la télécopie était signée des trois parties alors en présence, le représentant musulman de la ville, le négociateur serbe et un responsable de l’ONU. Quand je suis allé à Paris quelques jours plus tard, j’ai publié ce document dans un hebdomadaire national avec un commentaire au moment-même où commençait le tohu-bohu médiatique sur le « massacre de Srebrenica ». Ce document devait être porté au dossier de la défense et servir de base à mon témoignage.
Comment est le TPIY de l’intérieur?
Sinistre. Entouré de grilles. Avec des sas de sécurité et des gardes armés. Scheveningen est le port de La Haye, sa partie côtière. J’ai été conduit dans l’enceinte du tribunal par un véhicule de l’ONU. Le témoin attend dans une petite pièce puis est conduit dans la salle d’audience. On peut voir cette salle dans les vidéos du tribunal. Ce dernier se trouve dans une zone d’organismes internationaux comme l'Organisation pour l'Interdiction des Armes Chimiques(OIAC), le World Forum et d’autres organismes de la « gouvernance mondiale ». Centre de détention pour les résistants hollandais pendant l’occupation allemande, la prison de Scheveningen, elle, est située à la périphérie de la ville. Au passage on peut remarquer que Maëstricht et Bilderberg se trouvent aussi en Hollande. Le groupe de Bilderberg fut créé naguère à l’hôtel du même nom dans la localité d’Oosterbeek. Entre la Grande-Bretagne et l’Allemagne, ce pays protestant et maritime semble avoir été conduit à jouer un rôle privilégié dans le projet mondialiste.
En France, de nombreuses voix se sont élevées pour dénoncer l’aspect non légal (d’un point de vue juridique) de ce TPI et surtout de ses méthodes de fonctionnement : l’édiction de ses propres décrets de fonctionnement, son financement par des pays n’étant pas des démocraties ou encore le fait que des témoins anonymes aient le droit de s’exprimer. Quelle est votre opinion à ce sujet ?
Financement par des sociétés commerciales, travail avec des ONG, règles mouvantes, anonymat de certains témoins, listes d’accusés secrètes et évolutives, utilisation de juges en provenance d’entités comme Trinidad ou les Sovereign base Areas of Cyprus, ce tribunal international est une mascarade. Conseiller à la cour s’appel de la République Française, mon père me disait que ce machin imprégné de juridisme anglo-saxon était une aberration.
Ce tribunal c’est la parodie de Nuremberg, le procès sans cesse renouvelé du général Tōjō. Dans la guerre américaine, après la diplomatie coercitive, les embargos, les bombardements et les invasions, Moloch expose et « juge » ses victimes. Reposant sur les normes juridiques des Bahamas ou des îles Caïmans, le Tribunal Pénal International pour la Yougoslavie (TPIY) prétend rendre la justice au nom d’une « communauté internationale » qui agirait au nom du monde mais il ne sert en fait qu’à assurer la défense du globalisme anglo-saxon. Cette institution permet à une oligarchie mondialiste d’user et d’abuser du « droit d’ingérence » (le « devoir d’ingérence » de Kouchner) baptisé aujourd’hui « R2P », la soi disant « Responsabilité de Protéger » qui n’est rien d’autre que le droit de tuer. De tuer par la « guerre humanitaire ».
La Yougoslavie a servi de laboratoire à cette guerre du Nouvel Age, aussi sanglante sinon plus que les précédentes, celles qui ne se cachaient pas encore derrière un masque humanitaire. Avec l’appui de la presse et d’ONG ad hoc, cet artifice permet de présenter des agressions comme des sauvetages, de diaboliser des dirigeants, de bombarder des peuples, de détruire les derniers pays indépendants et souverains. On l’a vu récemment en Libye et on le voit actuellement en Syrie, les Etats qui gênent l’irréductible marche globaliste sont attaqués les uns après les autres au nom du droit et de la morale. Insatiable, le nouveau Moloch s’attaquera tôt ou tard à la Russie.
Dans la « souveraineté limitée post-westphalienne » ce système nie la souveraineté des Etats pour étendre la dictature du Marché en arguant d’intentions démocratiques et de grandes idées morales comme le mariage pour tous… Dans ce dispositif, l’OTAN fait fonction de société de gardiennage et le Tribunal de La Haye devient le nouveau Sanhédrin. Sous l’influence des amis de Morton Abramowitz et de George Soros, les cercles mondialistes ont mis sur pied la CPI, la Cour Pénale Internationale, dite aussi « Statut de Rome », dont le siège, à l’instar du TPIY, a été installé à La Haye.
Sous la direction des prêtres de la nouvelle religion, les Etats-Unis ont forcé les Etats de la banlieue new-yorkaise à adhérer au « Statut de Rome » mais eux-mêmes ont refusé d’y adhérer. Plus exactement Bush a retiré la signature de Clinton qui ne l’avait tout de même pas ratifié, ce qui fait que les Etats-Unis peuvent accuser les autres en commettant les pires crimes de guerre sans en être accusés eux-mêmes. A la fois juge et partie, au-dessus de tout, la « nation indispensable » de Madeleine Albright ne saurait en effet être jugée…
Comment s’est déroulée votre audience et qu’est ce que vous y avez dit ?
Radovan Karadzic est accusé de crimes de guerre et de génocide pour le« massacre de 8.000 Musulmans dans l’enclave de Srebrenica ». Accusé aussi de bombardements à Sarajevo et de la prise en otage de 200 Casques bleus et observateurs de l’ONU en mai et juin 1995. On le rend responsable de tous les actes et incidents de la guerre comme si une guerre, quelle qu’elle soit, ne faisait ni dégâts ni victimes. En outre, on sait qu’une partie de ces Casques bleus avaient, si je puis dire, un double casque, celui de l’ONU et celui de Forces Spéciales. Activée par les Etats-Unis derrière le Frère Musulman Alija Izetbegovic, la partie bosniaque dite « musulmane » (Tito avait créé une « nationalité musulmane ») est présentée comme « victime ». Les exactions de l’Armija bosniaque et des moudjahidine afghans importés des pays arabes (comme aujourd’hui en Syrie) sont passées sous silence. Sur la terre de leurs ancêtres envahie par l’Empire Ottoman, les indigènes serbes orthodoxes de Karadzic se sont vus interdire le droit de se défendre.
Documentation et témoignages abondent. L’Armée de la Republika Srpska (VRS) est entrée dans l’enclave avec seulement 200 hommes et 4 blindés. Elle n’a pas rencontré de résistance. Les morts de Srebrenica ne sont pas le résultat d’un massacre organisé comme l’a prétendu l’administration états-unienne mais proviennent de la colonne mixte de la 28ème Division de l’Armija Bosniaque, qui devait tenter une percée en direction des lignes musulmanes et la réussir en partie puisque les Serbes devaient la laisser passer. C’est dans cette colonne d’environ 12.000 à 15.000 individus dont au moins 6.000 armés, que des pertes furent occasionnées dans des combats classiques avec des individus qui n’avaient pas rendu les armes, ce qui dans le droit de la guerre constitue une cible légitime.
Je suis intervenu après Vojislav Šešelj, qui était lui-aussi témoin de la défense. La procureure a essayé de me piéger, de faire diversion par des questions sans intérêt ou carrément débiles pour m’empêcher d’aborder le fond mais j’ai pu quand même tenir une sorte de réquisitoire.
Durant une heure et demie, le jeu des questions/réponses m’a permis de dénoncer la nature du tribunal et de réaffirmer des positions qui ne changent pas. Mes notes sur un calepin (la transcription originale est beaucoup plus longue) :
Scheveningen. Haski tribunal - Tribunal de La Haye. Réquisitoire contre l'Inquisition atlantiste et défense offensive du héros serbe Radovan Karadzic. La procureure, croyant me gêner : «Pour vous monsieur Karadzic est un héros serbe ? », J'ai répondu « Oui ! ». Comme Vojislav Šešelj. Car la procureure m'a reproché aussi d'être « un ami de Šešelj ». A la remarque provocatrice « Vous fréquentez des criminels de guerre », j'ai répondu : « Oui ..., d'ailleurs tous les Serbes sont des criminels de guerre et peut être même que j'en suis un moi-même ». La procureure m'a demandé bêtement si j'étais nationaliste et j'ai répondu « Oui ! » tout en faisant remarquer que le terme ne voulait rien dire sans en définir le contenu. Citant le passage d'un de mes articles, la même m'a reproché d'avoir écrit que le tribunal était une émanation du groupe Soros et des cercles globalistes. Je l'ai remerciée pour m'avoir cité, ajoutant que je persistais et signais sans enlever une seule virgule à ce que j'avais écrit. Je n'ai pas l'habitude d'écrire le contraire entre deux articles. Cela c'était pour les questions idiotes (un petit échantillon). Au président qui voulait m'interdire de poser des questions à la procureur(e), j'ai répondu que désormais mes questions seraient des remarques.
Mon réquisitoire contre l'Inquisition a porté sur l'agression américano-occidentale contre la Serbie et son mode opératoire. Sur le laboratoire yougoslave des guerres ultérieures comme on a pu le voir en Libye et en Syrie. J'avais apporté un document officiel de l'ONU signé par les trois parties du conflit bosniaque (Musulmans, Serbes et Casques bleus) portant le cachet de l'ONU, daté du 17 juillet 1995 et infirmant les accusations d'assassinats collectifs et de crimes de guerres imputés à la partie serbe à Srebrenica. La procureure a alors sorti un autre document daté d'une semaine après et qui ne figurait pas dans les pièces de la défense. Procédé illégal, même dans le cadre du TPIY, et piteuse diversion qui n'a convaincu personne: la courte lettre sans intérêt d'un fonctionnaire de l'ONU chargé de donner le change et récusant l'évaluation onusienne de la semaine précédente. Ridicule, je l'ai martelé comme j'ai dit que ce tribunal et la CPI (Cour Pénale Internationale) n'étaient que les structures mondialistes de l'impérialisme et de son bras armé, l'OTAN.
Radovan Karadzic a été acquitté en juin dernier des accusations de génocide dans certaines municipalités bosniennes en 1992… Imaginez vous qu'il puisse être libéré s’il s’avère vraiment qu’il est innocent des charges retenues contre lui dans les 10 autres chefs d’accusations restants ?
Comme les autres, en particulier Vojislav Seselj qui attend son « jugement » depuis 10 ans (!), les prisonniers politiques serbes sont à La Haye pour s’être opposés à la marche de l’Empire. Leur « crime » est d’avoir osé lui résister. Nous ne sommes pas dans le domaine de la justice et il ne faut pas attendre de jugement classique et serein. Seselj peut tout aussi bien être libéré en octobre après son jugement ou bien rester en prison jusqu’à la fin de ses jours. Tout dépendra des ordres des tireurs de ficelle, les mêmes qui ont libéré des Croates et des Albanais après un passage par Scheveningen. Ce tribunal est fait pour condamner les Serbes. Pour dissuader, la Bête a toujours besoin de tenir dans sa gueule une offrande expiatoire.
Vous vivez en Serbie ou vous êtes analyste politique, quel regard portez vous sur la situation actuelle et depuis l’élection du nouveau président et du nouveau gouvernement ?
Le nouveau gouvernement n’a pas plus d’indépendance que son prédécesseur. Les hommes changent mais le système demeure. Les « progressistes » de Tomislav Nikolic sont même allés plus loin que les « démocrates » de Boris Tadic dans l’allégeance à Bruxelles et à Washington. Ayant trahi leur ancien parti, le Parti radical, a poignardé dans le dos leur chef et son fondateur emprisonné depuis 10 ans à Scheveningen, la nouvelle équipe s’est enfoncée dans la collaboration et le renoncement. Avec le Parti socialiste d’Ivica Dacic qui dispose d’importants ministères, elle a pratiquement reconnu l’indépendance du Kosovo et se met en quatre pour satisfaire les exigences de la « gouvernance mondiale ». Mais la bonne entente avec l’ennemi ne change pas les rapports de force. Guidé par des mouvements comme Dveri, le courant politique qui refuse la corruption et la collaboration avec l’ennemi se renforce.
Avez-vous des informations précises sur la situation des Serbes du Kosovo en ce mois de juin 2013 ? A quels développements doit-on s’attendre à votre avis dans cette province serbe ?
De Gaulle disait que lorsque l’on est minoritaire, il faut être majoritaire quelque part. Confinés dans des enclaves au sud de la rivière Ibar, les derniers Serbes de la province volée et occupée sont majoritaires dans les quatre districts du Nord, Leposavic, Zvecan, Zubin Potok et Kosovska Mitrovica nord, dont Bruxelles et Washington ont demandé le démantèlement des « structures parallèles ». Les habitants, leurs édiles en tête, bien entendu refusent et sont pris en étau entre les mafieux de Pristina arrivés dans les fourgons de l’OTAN et l’administration de Belgrade. Une position inconfortable mais qui doit être relativisée. La frontière entre la Serbie et le Kosovo est toute théorique et la solidarité active par delà la ligne de démarcation n’est pas de la rhétorique. Une tentative de coup de force contre les Serbes du Nord comme celle contre la Krajina en 1995 se passerait dans un tout autre contexte et cristalliserait un mouvement dangereux à la fois pour l’OTAN et pour ses clients (Albanais irrédentistes et pouvoir belgradois). Continuité territoriale, solidarité active, une opération Oluja bis n’est pas à exclure mais serait dangereuse pour les pays de l’OTAN qui ont des personnels dans la région. Le Kosovo étant à la fois mythe et réalité, une telle agression cristalliserait un mouvement de réaction dont les Occidentaux ne mesurent pas l’ampleur. Le jour de Vidovdan, l’anniversaire de la Bataille de Kosovo, le 28 juin, les responsables des quatre districts du Nord doivent faire une importante déclaration.
Avez-vous quelque chose à rajouter pour les lecteurs de La Voix de la Russie ?
Redire que le Tribunal de La Haye est un scandale. Des hommes y sont jugés et retenus prisonniers pour avoir défendu leur peuple et leur pays d’agressions caractérisées. Vojislav Seselj, qui n’a rien à se reprocher, est depuis 10 ans en prison sans avoir encore été jugé (son « jugement » devrait intervenir en octobre). Radovan Karadzic a été kidnappé et emprisonné pour avoir défendu les siens. Il ne voulait même pas le pouvoir, ce sont les représentants des familles serbes orthodoxes de Bosnie qui lui demandèrent de conduire la résistance. Des détenus serbes, et pas seulement Slobodan Milosevic, sont morts en prison. Le tribunal a produit de faux témoins. Des témoins à charge ont été assassinés, notamment ceux qui auraient pu confondre l’Albanais du Kosovo Ramush Haradinaj. Le tribunal savait aussi pour les trafics d’organes sur des prisonniers serbes mais en a ignoré le dossier. Tout récemment, le juge danois Harhoff dénonçait publiquement les pressions politiques de son président, le juge américain Theodor Meron, ex-conseiller au ministère israélien des affaires étrangères.
Cette guerre ne commence pas, ne finit pas, elle est permanente. Simplement on va assister, on assiste déjà, avec le désir de monde multipolaire et la révolte des peuples, à un affrontement de plus en plus marqué entre deux conceptions du monde antagonistes, celle qui privilégie la vraie liberté des hommes et de leurs communautés populaires politiquement traduite en populisme et en nationalisme et celle qui avec la prétention de gouvernance mondiale veut imposer la dictature du Marché et la religion de l’Argent au nom de la démocratie libérale, des droits de l’individu et de la préférence des minorités qui ne sont que des leurres de l’impérialisme marchand contre les Etats-nations. »

vendredi 23 novembre 2018

Le journaliste doit être libre, impertinent, audacieux, etc (Camus / Liberté de la presse)

Bref, tout sauf notre presse subventionnée qui a sa langue trop occupée à lècher les souliers du pouvoir....


Il est difficile aujourd’hui d’évoquer la liberté de la presse sans être taxé d’extravagance, accusé d’être Mata-Hari, de se voir convaincre d’être le neveu de Staline.

Pourtant cette liberté parmi d’autres n’est qu’un des visages de la liberté tout court et l’on comprendra notre obstination à la défendre si l’on veut bien admettre qu’il n’y a point d’autre façon de gagner réellement la guerre.

Certes, toute liberté a ses limites. Encore faut-il qu’elles soient librement reconnues. Sur les obstacles qui sont apportés aujourd’hui à la liberté de pensée, nous avons d’ailleurs dit tout ce que nous avons pu dire et nous dirons encore, et à satiété, tout ce qu’il nous sera possible de dire. En particulier, nous ne nous étonnerons jamais assez, le principe de la censure une fois imposé, que la reproduction des textes publiés en France et visés par les censeurs métropolitains soit interdite au Soir républicain – le journal, publié à Alger, dont Albert Camus était rédacteur en chef à l’époque – , par exemple. Le fait qu’à cet égard un journal dépend de l’humeur ou de la compétence d’un homme démontre mieux qu’autre chose le degré d’inconscience où nous sommes parvenus.

Un des bons préceptes d’une philosophie digne de ce nom est de ne jamais se répandre en lamentations inutiles en face d’un état de fait qui ne peut plus être évité. La question en France n’est plus aujourd’hui de savoir comment préserver les libertés de la presse. Elle est de chercher comment, en face de la suppression de ces libertés, un journaliste peut rester libre. Le problème n’intéresse plus la collectivité. Il concerne l’individu.

Et justement ce qu’il nous plairait de définir ici, ce sont les conditions et les moyens par lesquels, au sein même de la guerre et de ses servitudes, la liberté peut être, non seulement préservée, mais encore manifestée. Ces moyens sont au nombre de quatre : la lucidité, le refus, l’ironie et l’obstination.

La lucidité suppose la résistance aux entraînements de la haine et au culte de la fatalité. Dans le monde de notre expérience, il est certain que tout peut être évité. La guerre elle-même, qui est un phénomène humain, peut être à tous les moments évitée ou arrêtée par des moyens humains. Il suffit de connaître l’histoire des dernières années de la politique européenne pour être certains que la guerre, quelle qu’elle soit, a des causes évidentes. Cette vue claire des choses exclut la haine aveugle et le désespoir qui laisse faire. Un journaliste libre, en 1939, ne désespère pas et lutte pour ce qu’il croit vrai comme si son action pouvait influer sur le cours des événements. Il ne publie rien qui puisse exciter à la haine ou provoquer le désespoir. Tout cela est en son pouvoir.

En face de la marée montante de la bêtise, il est nécessaire également d’opposer quelques refus. Toutes les contraintes du monde ne feront pas qu’un esprit un peu propre accepte d’être malhonnête. Or, et pour peu qu’on connaisse le mécanisme des informations, il est facile de s’assurer de l’authenticité d’une nouvelle. C’est à cela qu’un journaliste libre doit donner toute son attention. Car, s’il ne peut dire tout ce qu’il pense, il lui est possible de ne pas dire ce qu’il ne pense pas ou qu’il croit faux. Et c’est ainsi qu’un journal libre se mesure autant à ce qu’il dit qu’à ce qu’il ne dit pas. Cette liberté toute négative est, de loin, la plus importante de toutes, si l’on sait la maintenir. Car elle prépare l’avènement de la vraie liberté. En conséquence, un journal indépendant donne l’origine de ses informations, aide le public à les évaluer, répudie le bourrage de crâne, supprime les invectives, pallie par des commentaires l’uniformisation des informations et, en bref, sert la vérité dans la mesure humaine de ses forces. Cette mesure, si relative qu’elle soit, lui permet du moins de refuser ce qu’aucune force au monde ne pourrait lui faire accepter : servir le mensonge.

Nous en venons ainsi à l’ironie. On peut poser en principe qu’un esprit qui a le goût et les moyens d’imposer la contrainte est imperméable à l’ironie. On ne voit pas Hitler, pour ne prendre qu’un exemple parmi d’autres, utiliser l’ironie socratique. Il reste donc que l’ironie demeure une arme sans précédent contre les trop puissants. Elle complète le refus en ce sens qu’elle permet, non plus de rejeter ce qui est faux, mais de dire souvent ce qui est vrai. Un journaliste libre, en 1939, ne se fait pas trop d’illusions sur l’intelligence de ceux qui l’oppriment. Il est pessimiste en ce qui regarde l’homme. Une vérité énoncée sur un ton dogmatique est censurée neuf fois sur dix. La même vérité dite plaisamment ne l’est que cinq fois sur dix. Cette disposition figure assez exactement les possibilités de l’intelligence humaine. Elle explique également que des journaux français comme Le Merle ou Le Canard enchaîné puissent publier régulièrement les courageux articles que l’on sait. Un journaliste libre, en 1939, est donc nécessairement ironique, encore que ce soit souvent à son corps défendant. Mais la vérité et la liberté sont des maîtresses exigeantes puisqu’elles ont peu d’amants.

Cette attitude d’esprit brièvement définie, il est évident qu’elle ne saurait se soutenir efficacement sans un minimum d’obstination. Bien des obstacles sont mis à la liberté d’expression. Ce ne sont pas les plus sévères qui peuvent décourager un esprit. Car les menaces, les suspensions, les poursuites obtiennent généralement en France l’effet contraire à celui qu’on se propose. Mais il faut convenir qu’il est des obstacles décourageants : la constance dans la sottise, la veulerie organisée, l’inintelligence agressive, et nous en passons. Là est le grand obstacle dont il faut triompher. L’obstination est ici vertu cardinale. Par un paradoxe curieux mais évident, elle se met alors au service de l’objectivité et de la tolérance.

Voici donc un ensemble de règles pour préserver la liberté jusqu’au sein de la servitude. Et après ?, dira-t-on. Après ? Ne soyons pas trop pressés. Si seulement chaque Français voulait bien maintenir dans sa sphère tout ce qu’il croit vrai et juste, s’il voulait aider pour sa faible part au maintien de la liberté, résister à l’abandon et faire connaître sa volonté, alors et alors seulement cette guerre serait gagnée, au sens profond du mot.

Oui, c’est souvent à son corps défendant qu’un esprit libre de ce siècle fait sentir son ironie. Que trouver de plaisant dans ce monde enflammé ? Mais la vertu de l’homme est de se maintenir en face de tout ce qui le nie. Personne ne veut recommencer dans vingt-cinq ans la double expérience de 1914 et de 1939. Il faut donc essayer une méthode encore toute nouvelle qui serait la justice et la générosité. Mais celles-ci ne s’expriment que dans des coeurs déjà libres et dans les esprits encore clairvoyants. Former ces coeurs et ces esprits, les réveiller plutôt, c’est la tâche à la fois modeste et ambitieuse qui revient à l’homme indépendant. Il faut s’y tenir sans voir plus avant. L’histoire tiendra ou ne tiendra pas compte de ces efforts. Mais ils auront été faits.

Albert Camus, 25/11/1939

vendredi 13 juillet 2018