jeudi 8 mai 2008

Asie, famine et pétrole: ce n'est qu'un début, et nous sommes les suivants...


source et copyright de l'article ci-dessous :
http://www.irinnews.org/fr/ReportFrench.aspx?ReportId=77734

ASIE: La hausse continue du prix du riz fait craindre des pénuries


Photo: Manoocher Deghati/IRIN
Une paysanne du sud des Philippines en train de tamiser du riz. Le riz, aliment de base pour la majorité des Philippins, est considéré comme un enjeu politique
BANGKOK, 11 avril 2008 (IRIN) - Alors que les prix des denrées alimentaires continuent de monter en flèche dans toute l’Asie, bon nombre de gouvernements interviennent pour tenter de stabiliser le prix du riz sur leurs marchés nationaux, craignant de fortes pénuries et d’éventuelles émeutes de la faim.

Les stocks mondiaux de riz ont atteint leur plus faible niveau depuis le début des années 1970, et bon nombre d’organisations, dont le Programme alimentaire mondial (PAM) des Nations Unies, craignent de plus en plus que les pénuries alimentaires et la flambée des prix n’entraînent une réduction de l’aide alimentaire.

Le Thaï hom mali, un riz de qualité supérieure, coûte actuellement 1 000 dollars la tonne : plus de trois fois ce qu’il coûtait en début d’année. Le riz de qualité inférieure du type 25 pour cent brisé, que le PAM achète habituellement pour son programme, se vend actuellement à un peu moins de 800 dollars, près de trois fois plus cher qu’il y a quatre mois. Bon nombre de pays exportateurs traditionnels de riz comme le Cambodge, l’Egypte, l’Inde et le Pakistan, ont interdit les exportations de riz, et la Chine et le Vietnam les ont considérablement réduites.

« Il est presque certain que les cas de malnutrition vont considérablement augmenter dans bon nombre des régions les plus pauvres d’Asie », a expliqué à IRIN John Samuel, directeur international d’ActionAid.

Ce sont les familles asiatiques les plus pauvres qui souffriront le plus, étant donné qu’elles consacrent plus de 70 pour cent de leurs revenus à la nourriture, selon le PAM. Incapables de faire face à la flambée des prix du riz, elles doivent compter sur le riz subventionné proposé par le gouvernement ou sur l’aide alimentaire internationale. Mais même ces sources sont de plus en plus menacées par la hausse des prix et les pénuries.

« Au Népal seulement, le nombre de personnes vulnérables est passé de quatre à huit millions au cours des six derniers mois à cause des hausses du prix du riz sur les marchés et d’autres facteurs connexes », a indiqué Tony Banbury, directeur régional du PAM. « C’est-à-dire que 30 pour cent de la population a besoin d’aide, d’urgence ».

Suspension des programmes de cantines scolaires

« Au Cambodge, nous avons suspendu nos programmes de cantines scolaires », a indiqué à IRIN Thomas Keusters, directeur des opérations du PAM au Cambodge. « Il n’y aura plus de programme de cantine scolaire pour le reste l’année scolaire, ce qui concerne environ 450 000 écoliers des classes de CP au CM2 ».

Certains stocks de riz achetés par le PAM sur le marché local n’ont pas encore été livrés. Cinq fournisseurs n’ayant pu honorer leurs engagements, il manque 13 000 tonnes de riz au PAM pour couvrir les besoins des six prochains mois.

Au Bangladesh et au Pakistan, les populations attendent pendant des heures pour acheter le riz subventionné, vendu par sac de cinq kilogrammes. En Thaïlande, les grands supermarchés ont limité les ventes de riz à trois sacs de cinq kilogrammes par personne pour éviter les achats de panique.

Des prévisions de bonnes récoltes

Mingkuan Sangsuwan, ministre thaïlandais du Commerce, a annoncé qu’une réduction d’environ 10 pour cent du prix du riz au détail allait être appliquée et financée par l’Etat à compter du 14 avril. Cette réduction prendra fin dans deux mois, lorsque les cultures de riz, qui s’annoncent bonnes, seront récoltées. La production de riz sera alors suffisante pour couvrir les besoins du marché thaï, selon l’association des producteurs de riz thaïs.


Photo: Amantha Perera/IRIN
La pluie est ce qu'il y a de plus néfaste pour la culture du riz lorsque les épis sont mûrs car elle peut gravement affecter la quantité et la qualité de la récolte. Le riz est un des éléments de base de l'alimentation au Sri Lanka
Dans d’autres pays asiatiques, les gouvernements sont moins optimistes. Aux Philippines, par exemple, les autorités n’ont reçu que la moitié des 500 000 tonnes de riz commandées il y a deux mois au Vietnam et elles envisagent de commander un million de tonnes supplémentaires à Hanoï, a expliqué à IRIN Vichai Sriprasert, un des plus importants exportateurs de riz thaïlandais. Mais il est peu probable qu’elles reçoivent plus de la moitié de la commande, a-t-il poursuivi.

Le Bangladesh a réussi à se procurer 400 000 tonnes de riz importées d’Inde – qui a autorisé des exportations limitées pour des raisons humanitaires. Par ailleurs, le Myanmar s’est engagé à livrer 500 000 tonnes de riz au Bangladesh.

Selon Anusa Palipta, membre du gouvernement sri-lankais, le Myanmar a également accepté de vendre au Sri Lanka 50 000 tonnes de riz, à 400 dollars la tonne. Le Sri Lanka recevra aussi 32 000 tonnes de riz de l’Inde et du Pakistan.

Crainte de troubles sociaux

« Les graves émeutes de la faim qui se sont produites cette semaine dans la capitale haïtienne sont un avertissement pour tous les gouvernements asiatiques », a déclaré M. Samuel d’ActionAid.

« Si des mesures ne sont pas prises immédiatement, notamment pour prévenir une flambée des prix et mettre en place des mécanismes de distribution efficaces, il y aura des émeutes de la faim ici aussi. La crise agraire qui se profile pourrait se transformer en grave problème politique, surtout dans les démocraties d’Asie ».

Photo: Manoocher Deghati/IRIN
Vendeur de riz aux Philippines. L'envolée des prix des denrées alimentaires accentue le mécontentement des populations.

Au Bangladesh, en Indonésie et aux Philippines, des pays où des élections sont prévues l’année prochaine, le mécontentement monte déjà.

« La flambée des prix des denrées alimentaires est devenue une sérieuse menace à la survie du gouvernement [de transition] en place », a indiqué Atiur Rahman, économiste et spécialiste bengalais en sciences politiques.

« La hausse du prix des denrées alimentaires va probablement entraîner des grèves, des émeutes de la faim et des violences dans les rues ».

« C’est une crise qui couve depuis plusieurs années », a indiqué M. Samuel. « Bien qu’on ait observé une croissance économique substantielle dans la région, cette croissance n’a touché que les secteurs de l’industrie et des services ; en termes réels, les investissements dans l’agriculture ont stagné, voire régressé. Si les pays asiatiques n’adoptent pas une politique d’investissements concertés dans l’agriculture, la hausse du prix des denrées alimentaires deviendra un problème permanent ».

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ET NOUS ALLONS LES SUIVRE DANS PAS LONGTEMPS!!!

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