mardi 15 avril 2008

émeutes de la faim : ce n'est que le début (ONU)

Quand le prix du riz peut semer la zizanie
http://www.ledevoir.com/2008/04/09/184226.html
Édition du mercredi 09 avril 2008
L'augmentation du coût de la nourriture menace la stabilité mondiale, dit l'ONU

Dubaï -- L'augmentation récente du nombre d'émeutes alimentaires est un signe avant-coureur qu'une hausse du coût de la nourriture pourrait provoquer des troubles et menacer la stabilité mondiale, prévient l'Organisation des nations unies (ONU).
Ajouté aux effets néfastes des changements climatiques et à l'explosion des coûts du carburant, c'est une "tempête parfaite" qui se prépare pour une bonne partie de la population mondiale, a déclaré le sous-secrétaire général de l'ONU pour l'aide humanitaire et les secours d'urgence, John Holmes.
Il a fait ces commentaires après deux jours d'émeutes en Égypte, où le prix de plusieurs produits a doublé depuis un an. Des émeutes alimentaires violentes sont aussi toujours en cours en Haïti, où les Casques bleus ont dû utiliser des balles de caoutchouc pour disperser les manifestants qui s'étaient assemblés, hier, devant le palais présidentiel.
M. Holmes a déclaré que "le coût actuel des denrées est susceptible d'augmenter radicalement la fréquence et l'importance de l'insécurité alimentaire". Il a ensuite rappelé que le nombre moyen de catastrophes naturelles a doublé depuis 20 ans, et que le coût du diesel -- qui est utilisé pour transporter la nourriture -- ne cesse d'augmenter, deux facteurs qui contribuent à la hausse des prix des aliments.
De son côté, le directeur adjoint du Programme alimentaire mondial de l'ONU, John Powell, a demandé aux pays développés de faire plus pour aider les pays en voie de développement. Les pays aux prises avec des émeutes alimentaires ont besoin d'aide pour mettre en place des filets de sécurité sociaux, a-t-il dit.

Asie sous pression
L'Asie est également sous pression. La flambée des prix des denrées alimentaires, en particulier du riz, risque de coûter politiquement cher aux dirigeants asiatiques confrontés à une vague de contestation sociale, préviennent des experts. "Il va y avoir des troubles et les pays les plus pauvres en pâtiront beaucoup plus que les nations les plus riches comme la Malaisie ou Singapour", estime Ooi Kee Beng, de l'Institut d'études du Sud-Est asiatique à Singapour.
Le Bangladesh et les Philippines, deux grands importateurs de riz où les foyers pauvres dépensent en moyenne 70 % de leurs revenus en nourriture, ont été touchés de plein fouet. "[Au Bangladesh], l'explosion des prix constitue une vraie menace pour la survie du gouvernement intérimaire", note le politologue Ataur Rahmn. "Cela pourrait déclencher un fort mécontentement, des violences et des émeutes liées à l'explosion des prix des matières premières", dit-il.
Le chef de l'armée a récemment exhorté les habitants pauvres à consommer des pommes de terre afin de réduire la pression sur le marché du riz, dont le prix a doublé en un an. Aux Philippines, la tension est telle que l'armée a assigné des troupes à la distribution de riz dans les quartiers pauvres de Manille. Le secrétaire à la Justice, Raul Gonzalez, a parlé de "situation d'urgence".
Les prix du riz ont enregistré des hausses vertigineuses portés par la suspension annoncée des exportations de l'Inde (troisième exportateur mondial) et la dépendance de plusieurs pays importateurs.
L'Inde, confrontée elle-aussi à une forte inflation, a donc stoppé ses exportations de riz pour contenir les prix sur le marche local. Car la hausse des prix est une mauvaise nouvelle pour le gouvernement de centre-gauche conduit par le Parti du Congrès et élu en mai 2004 par les centaines de millions de pauvres les plus touchés par la flambée des prix des produits de première nécessité.
En Malaisie, la hausse générale des prix a déjà pénalisé la coalition gouvernementale au pouvoir lors des élections législatives début mars. En Indonésie, où une élection présidentielle se tient l'an prochain, le gouvernement a fourni des subventions pour l'huile de cuisson et promis des distributions de riz. Mais pour Hendri Saparini, économiste auprès du centre de réflexion Tim Indonesia Bangkit, il est improbable que ces distributions soient suffisantes. "Si aucune mesure n'est prise d'ici trois mois par le gouvernement, je redoute vraiment des troubles sociaux", dit-elle.
En Chine, le prix de la viande a augmenté de 60 % sur un an. "Il y a beaucoup de colère à cause de la hausse de prix", relève Jean-Pierre Cabestan de l'Université Baptist de Hong Kong. Au Vietnam, la croissance de plus de 8 % a un effet inflationniste pour les ménages, qui déboursent chaque jour un peu plus pour acheter des produits de base comme le riz. Les mouvements sociaux se sont multipliés ces dernières années dans le pays communiste et depuis plusieurs mois le phénomène est entretenu par la flambée des prix à la consommation. Au premier trimestre par rapport à la même période de 2007, le pays a enregistré une inflation de plus de 16 %.
Enfin, les troubles n'ont pas épargné la florissante cité-État de Singapour où une dizaine de personnes ont bravé l'interdiction de manifester pour protester contre la hausse des prix, selon des témoins.

Crises en Afrique
Depuis plusieurs mois, l'augmentation du prix des produits de première nécessité en Afrique affecte durement les populations, dont la grogne croissante contraint les gouvernements à adopter des mesures d'urgence qui pèsent lourdement sur leurs budgets. Lors d'une réunion le 2 avril à Addis Abeba, les ministres africains de l'Économie et des Finances ont averti de l'urgence de la situation, qui selon eux "présente une menace significative pour la croissance, la paix et la sécurité de l'Afrique".
Le riz, aliment de base dans de nombreux pays considéré comme une valeur étalon sur les marchés, a augmenté ces derniers mois de plus de 50 % en Côte d'Ivoire, de 50 % en Centrafrique, de 39 % au Cameroun, de 45 % au Sénégal, de 42 % en Mauritanie, et a atteint jusqu'à 300 % de hausse en Sierra Leone. La farine de blé et de maïs, l'huile de palme et d'arachide, le sucre ou le lait, également indispensables à la consommation quotidienne et souvent importés, ne sont pas épargnés par ces hausses.
Dans la foulée de la montée des prix pétroliers, les transports publics ont été durement affectés, compliquant d'autant plus la vie quotidienne des plus démunis.
"L'ensemble des pays africains est concerné par cette augmentation des prix en raison de l'effet conjugué de la hausse du pétrole au niveau mondial et de l'urbanisation accélérée des villes qui entraîne une explosion de la demande alimentaire", explique l'économiste sénégalais Moustapha Kassé.
Cette situation a inévitablement conduit à l'expression violente d'un ras-le-bol dans plusieurs pays. L'urgence, aggravée par de nombreux appels à la grève, a poussé de nombreux pays à adopter de coûteuses mesures provisoires.
Le Cameroun, le Sénégal, la Côte d'Ivoire et le Burkina Faso ont notamment décidé de suspendre ou diminuer temporairement les droits de douanes et la TVA (Taxe sur la valeur ajoutée) sur certains produits de grande consommation. D'autres, comme le Soudan, mettent en oeuvre des subventions pour certains produits de base.
Fin mars, l'Égypte a suspendu pour six mois ses exportations de riz. En Mauritanie, le gouvernement va injecter des denrées de première nécessité sur le marché via une société publique.
À long terme, experts et autorités politiques considèrent que l'unique voie de salut réside dans l'autosuffisance.




"Nous pourrions chercher ensemble un nouveau style de vie qui rendrait possible la subsistance de 8 milliards d'êtres humains que l'on estime devoir peupler la planète en 2000.
Sinon, aucun nombre de bombes atomiques ne pourra endiguer le raz-de-marée constitué par les milliards d'êtres humains qui partiront un jour de la partie méridionale et pauvre du monde, pour faire irruption dans les espaces relativement ouverts du riche hémisphère septentrional, en quête de survie."
Houari Boumédienne, président de la république islamique d'Algérie, mars 1974

"One day, millions of men will leave the Southern Hemisphere to go to the Northern Hemisphere. And they will not go there as friends. Because they will go there to conquer it. And they will conquer it with their sons. The wombs of our women will give us victory." -- Boumédienne, in a 1974 speech to the UN
source : http://en.wikipedia.org/wiki/Houari_Boum%C3%A9dienne
« Un jour, des millions d'hommes quitteront l'hémisphère sud pour aller dans l'hémisphère nord. Et ils n'iront pas là-bas en tant qu'amis. Parce qu'ils iront là-bas pour le conquérir. Et ils le conquerront en le peuplant de leurs fils. Le ventre de nos femmes nous donnera la victoire. »
Boumédienne, dans son discours à l'ONU en 1974

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