jeudi 2 octobre 2008

Géorgie: comment l'Occident fabrique son auto-intoxication médiatique et sa russophobie

Choses vues dans la Géorgie en guerre, par Bernard-Henri Lévy
http://www.lemonde.fr/europe/article/2008/08/19/choses-vues-dans-la-georgie-en-guerre-par-bernard-henri-levy_1085547_3214_1.html

1. La première chose qui frappe dès qu’on sort de Tbilissi, c’est l’inquiétante absence de toute force militaire. J’avais lu que l’armée géorgienne, défaite en Ossétie, puis mise en déroute à Gori, s’était repliée sur la capitale pour la défendre. Or j’arrive aux faubourgs de la ville. J’avance de quarante kilomètres sur l’autoroute qui coupe le pays d’est en ouest. Et, de cette armée censée s’être regroupée pour opposer une résistance acharnée à l’invasion, on ne voit quasi pas de trace. Ici, un poste de police. Plus loin, un quarteron de soldats aux uniformes trop neufs. Mais pas une unité combattante. Pas une pièce de défense antiaérienne. Même pas ce paysage de herses et de chicanes qui, dans toutes les villes assiégées du monde, sont censées retarder la progression de l’ennemi. Une dépêche, pendant que nous roulons, annonce que les chars russes se dirigent vers la capitale. L’information, relayée par les radios et, finalement, démentie, crée un désordre sans nom et fait que rebroussent chemin les rares automobiles qui s’étaient aventurées hors de la ville. Mais le pouvoir, lui, semble avoir étrangement baissé les bras.

L’armée géorgienne serait-elle là, mais cachée? Prête à intervenir, mais invisible? Serions-nous en présence de l’une de ces guerres où la ruse suprême est, comme dans les guerres oubliées d’Afrique, d’apparaître le moins possible? Ou bien le président Saakashvili a-t-il fait le choix du non-combat – comme pour nous mettre, nous, Européens et Américains, devant nos responsabilités et nos choix (”Vous vous prétendez nos amis? Vous nous avez cent fois dit qu’avec nos institutions démocratiques, notre désir d’Europe, notre gouvernement où – fait unique dans les annales – siègent un premier ministre anglo-géorgien, des ministres américano-géorgiens, un ministre de la défense israélo-géorgien, était le premier de la classe occidentale? Eh bien, c’est le moment ou jamais de le prouver”)? Je ne sais pas. Mais le fait est que la première présence militaire significative à laquelle nous nous heurtons est un long convoi russe, cent véhicules au moins, venu tranquillement faire de l’essence en direction de Tbilissi. Puis, à quarante kilomètres de la ville, à la hauteur d’Okami, un bataillon, russe toujours, appuyé sur une unité de blindés dont le rôle est d’empêcher de passer, dans un sens les journalistes et, dans l’autre, les réfugiés.

L’un d’entre eux, un paysan blessé au front, encore hébété de terreur, me raconte l’histoire de ce village, en Ossétie, d’où il a fui à pied voici trois jours. Les Russes sont arrivés. Les bandes ossètes et cosaques ont, dans leur sillage, pillé, violé, assassiné. Elles ont, comme en Tchétchénie, regroupé les jeunes hommes et les ont embarqués dans des camions vers des destinations inconnues. On a tué les pères devant les fils. Les fils devant les pères. Dans les caves d’une maison qu’on a fait sauter en y accumulant des bonbonnes de gaz, on est tombé sur une famille qu’on a dépouillée de tout ce qu’elle avait tenté de cacher et on a mis les adultes à genoux avant de les exécuter d’une balle en pleine tête. L’officier russe, responsable du check-point, écoute. Mais il s’en fiche. Il a l’air, de toute façon, d’avoir trop bu et il s’en fiche. Pour lui, la guerre est finie. Aucun chiffon de papier – cessez-le-feu, accord en cinq ou en six points – ne changera rien à sa victoire. Et ce pelé de réfugié peut bien raconter ce qu’il veut.

2. A l’approche de Gori, la situation est différente et devient, soudain, plus tendue. Au bord de la route, des Jeeps géorgiennes dans le fossé. Plus loin, un tank carbonisé. Plus loin encore, un check-point plus important qui bloque, lui, complètement le groupe de journalistes auquel nous nous sommes mêlés. Et, surtout, il nous est clairement dit, là, que nous ne sommes plus les bienvenus. “Vous êtes en territoire russe, aboie un officier bouffi d’importance et de vodka. Ne peuvent aller plus loin que les accrédités par les autorités russes”… Heureusement surgit une voiture battant pavillon diplomatique. C’est la voiture de l’ambassadeur d’Estonie. A son bord, outre l’ambassadeur, le secrétaire du Conseil national de sécurité, Alexander Lomaia, qui a l’autorisation d’aller, derrière les lignes russes, chercher des blessés et qui accepte de m’embarquer, ainsi que la députée européenne Isler Béguin et une journaliste du Washington Post. “Je n’assure la sécurité de personne, prévient-il – c’est clair?” C’est clair. Et nous nous entassons dans l’Audi, qui met le cap sur Gori.

Après six nouveaux check-points, dont un constitué d’un simple tronc d’arbre levé et abaissé par un treuil, commandé par un groupe de paramilitaires, nous arrivons à Gori. Nous ne sommes pas au centre-ville. Mais, du point où Lomaia nous a laissés avant de repartir, seul, dans l’Audi, récupérer ses blessés, de ce carrefour que contrôle un char énorme et haut comme un bunker roulant, nous pouvons constater les incendies à perte de vue. Les fusées éclairantes qui, à intervalles réguliers, illuminent le ciel et sont suivies de détonations brèves. Le vide encore. L’odeur, légère, de putréfaction et de mort. Et puis, surtout, le bourdonnement incessant des véhicules blindés et, une fois sur deux à peu près, des voitures banalisées remplies de miliciens reconnaissables à leurs brassards blancs et à leurs cheveux retenus par des bandanas. Gori n’appartient pas à cette Ossétie que les Russes prétendent être venus “libérer”. C’est une ville géorgienne. Or ils l’ont brûlée. Pillée. Réduite à l’état de ville fantôme. Vidée.

“C’est logique, explique, tandis que nous attendons, debout dans la puanteur et la nuit, le retour de Lomaia, le général Vyachislav Borisov. Nous sommes là parce que les Géorgiens sont des incapables, que leur administration s’est effondrée et que la ville était livrée aux pillards. Regardez ceci…” Il me montre, sur son téléphone portable, des photos d’armes dont il souligne lourdement l’origine israélienne. “Est-ce que vous croyez qu’on pouvait laisser ce bazar sans surveillance? D’ailleurs, je vais vous dire…” Il se rengorge. Allume une cigarette dont l’allumette fait sursauter le petit tankiste blond qui s’était endormi dans sa tourelle. “Nous avons convoqué, à Moscou, le ministre des affaires étrangères israéliennes. Et il lui a été dit que, s’il continuait à fournir les Géorgiens, nous continuerions, nous, de livrer le Hezbollah et le Hamas.” Nous continuerions… Quel aveu! Deux heures passent. Deux heures de rodomontades et de menaces. Avec, parfois, une voiture qui ralentit mais qui, avisant le tank, semble se raviser et repart. Jusqu’à ce que revienne enfin Lomaia et qu’il nous confie la vieille dame et la femme enceinte qu’il a tirées de l’enfer et qu’il nous charge de ramener à Tbilissi.

3. Le président Saakashvili, flanqué de son conseiller Daniel Kunnin, écoute mon récit. Nous sommes dans la résidence présidentielle d’Avlabari. Il est 2 heures du matin, mais la noria de ses conseillers fonctionne comme en plein jour. Il est jeune. Très jeune. D’une jeunesse qu’accuse encore l’impatience des gestes, la fièvre du regard, des éclats de rire brusques ou encore cette façon d’enfiler les canettes de Red Bull comme si c’était du Coca-Cola. Ces gens, d’ailleurs, sont tous très jeunes. Tous ces ministres et conseillers sont des boursiers de fondations type Soros dont la “révolution des roses” a interrompu les études à Yale, Princeton, Chicago. Il est francophile et francophone. Féru de philosophie. Démocrate. Européen. Libéral au double sens, américain et européen, du mot. De tous les grands résistants que j’aurai rencontrés dans ma vie, de tous les Massoud ou Izetbegovic dont il m’a été donné de prendre la défense, il est le plus évidemment étranger à l’univers de la guerre, à ses rites, ses emblèmes, sa culture – mais il fait face.

Laissez-moi préciser une chose, m’interrompt-il avec une gravité soudaine. Il ne faut pas laisser dire que c’est nous qui avons commencé cette guerre… Nous sommes début août. Mes ministres sont en vacances. Je suis moi-même, en Italie, en train de faire une cure d’amaigrissement et sur le point de partir pour Pékin. Or voilà que, dans la presse italienne, je lis : Préparatifs de guerre en Géorgie . Vous m’avez bien entendu : je suis là, tranquille, en Italie, et je lis que mon propre pays est en train de préparer une guerre! Sentant que quelque chose ne tourne pas rond, je rentre dare-dare à Tbilissi. Et qu’est-ce que mes services de renseignement m’apprennent?” Il fait la moue du type qui pose une colle et vous laisse une chance de trouver la bonne réponse… “Que ce sont les Russes qui, au moment même où ils abreuvent les agences de presse de ce baratin, sont en train de vider Shrinvali de ses habitants, de masser des troupes, des transports de troupes, des ravitailleurs de fioul en territoire géorgien et de faire passer, enfin, des colonnes de chars par le tunnel Roky, qui sépare les deux Osséties. Alors, supposez que vous êtes responsable d’un pays et que vous apprenez ça – vous faites quoi?” Il se lève, va répondre à deux portables qui sonnent en même temps sur son bureau, revient, étire ses longues jambes… “Au cent cinquantième char positionné face à vos villes, vous êtes obligé d’admettre que la guerre a commencé et, malgré la disproportion des forces, vous n’avez plus le choix…” Avec l’accord de vos alliés, lui demandé-je? En prévenant les membres de cette OTAN dont on vous a claqué la porte au nez? “Le vrai problème, esquive-t-il, ce sont les enjeux de cette guerre. Poutine et Medvedev cherchaient un prétexte pour nous envahir. Pourquoi?” Il fait le geste de compter sur ses doigts. “Primo, nous sommes une démocratie et nous incarnons donc, quant à la sortie du communisme, une alternative au poutinisme. Secundo, nous sommes le pays où passe le BTC, ce pipe-line qui relie Bakou à Ceyhan via Tbilissi; en sorte que, si nous tombons, si Moscou met à ma place un employé de Gazprom, vous serez, vous, les Européens, dépendants à 100% des Russes pour votre approvisionnement en énergie. Et puis, tertio…” Il choisit une pêche dans la corbeille de fruits que son assistante – “ossète”, précise-t-il – vient d’apporter. “Tertio, regardez la carte. La Russie est l’alliée de l’Iran. Nos voisins arméniens ne sont pas loin non plus des Iraniens. Imaginez que s’installe à Tbilissi un régime prorusse. Vous auriez un continuum géostratégique qui irait de Moscou à Téhéran et dont je doute qu’il fasse les affaires du monde libre. J’espère que l’OTAN comprend cela…”

4. Vendredi matin. Nous décidons, avec Raphaël Glucksmann, Gilles Hertzog et la députée européenne, de revenir à Gori que, suite à l’accord de cessez-le-feu rédigé par Sarkozy et Medvedev, les Russes auraient commencé d’évacuer et où nous sommes censés rejoindre le patriarche orthodoxe de Tbilissi en partance, lui-même, pour Shrinvali, où des cadavres géorgiens seraient livrés aux porcs et aux chiens. Mais le patriarche est introuvable. Les Russes n’ont rien évacué. Et nous sommes même, cette fois, bloqués vingt kilomètres avant Gori quand une voiture, devant nous, se fait braquer par un escadron d’irréguliers qui, sous l’œil placide d’un officier russe, fait descendre les journalistes et leur arrache caméras, argent, objets personnels et, finalement, leur véhicule. Fausse nouvelle, donc. L’habituel ballet des fausses nouvelles dans l’art duquel les artisans de la propagande russe semblent décidément passés maîtres. Alors, direction Kaspi, à mi-chemin entre Gori et Tbilissi, où l’interprète de la députée a de la famille et où la situation est, en principe, plus calme – mais, en réalité, deux autres surprises nous y attendent… D’abord les destructions. Ici aussi, les destructions. Mais des destructions qui, cette fois, n’ont visé en priorité ni les maisons ni les gens. Quoi alors? Le pont. La gare. La voie de chemin de fer qu’est déjà en train de remettre en état une équipe de logisticiens conduite, depuis sa chambre, par le chef mécanicien, grièvement blessé à la hanche. Ainsi que le système de commande électronique de la cimenterie Heidelberg, à capitaux allemands, qu’a atteint un missile guidé au laser. “Il y avait là 650 ouvriers, me dit le directeur de l’usine, Levan Baramatze. Seuls 120 ont pu venir aujourd’hui. Notre appareil productif est brisé.” A Poti, les Russes ont coulé la marine de guerre géorgienne. En trois points, ils ont touché le pipe-line TBC. Ici, à Kaspi, ils ont, à dessein, atteint les centres vitaux d’une économie dont dépendent, indirectement, celles de la région et du pays. Terrorisme ciblé. Volonté, là aussi, de mettre le pays à genoux.

Et puis, deuxième surprise, les chars. Nous sommes, je le répète, aux portes de la capitale. Condoleezza Rice [secrétaire d’Etat des Etats-Unis], je le précise, est, à cet instant, en train de donner sa conférence de presse. Et voilà que, tout à coup, apparaît, volant à basse altitude au-dessus des arbres, l’un de ces hélicoptères de combat dont l’arrivée est toujours signe du pire. Et voici que, aussitôt après, ceux qui restent des habitants de Kaspi se retrouvent dans la rue, sur le seuil des maisons, puis, très vite, entassés à dix dans les vieilles Lada – chacun hurlant à qui veut l’entendre et, en particulier, à nos chauffeurs, que les Russes arrivent et qu’il faut fuir. D’abord, nous n’y croyons pas. Nous pensons : le type même, comme avant-hier, de la mauvaise rumeur. Mais, en fait, non. Les chars sont bien là. Cinq, exactement. Plus une unité du génie qui commence de creuser des tranchées. Le message est clair. Rice ou pas, les Russes sont ici chez eux. Ils se déplacent, en Géorgie, comme en terrain conquis. Ce n’est pas exactement le coup de Prague. C’est sa version XXIe siècle – lent, par petites touches, à coups d’humiliations, intimidations, parades et paniques…

5. Le rendez-vous a lieu, cette fois, à 4 heures du matin. Saakashvili a passé la fin de la journée avec Rice. La journée de la veille avec Sarkozy. A l’un comme à l’autre il sait gré de leurs efforts, de la peine qu’ils se sont donnée ainsi que de leur amitié dont rien ni personne ne le fera douter – ne se tutoient-ils pas, avec “Nicolas”? Et le candidat McCain, “proche de Madame Rice”, ne lui téléphone-t-il pas, depuis le début de la crise, trois fois par jour? Mais je lui trouve, pourtant, un air mélancolique qu’il n’avait pas le premier soir. La fatigue, peut-être… Ces nuits sans sommeil… Ces revers en série… Ce grondement, aussi, qu’il sent monter dans le pays et que nous sommes bien obligés, hélas, de lui confirmer : “Et si Micha était incapable de nous protéger? Et si ce bouillant jeune président ne nous attirait que la foudre? Et si, pour survivre, il fallait en passer par le désir de Poutine et le fantoche qu’il a dans sa manche?” Il y a de tout cela, oui, sans doute, dans la mélancolie du président. Plus, tout de même, autre chose – plus trouble et qui tient, comment dire?, à l’étrange attitude de ses amis… L’accord de cessez-le-feu, par exemple, que lui a apporté l’ami Sarkozy et qui a été rédigé, à Moscou, à quatre mains, avec Medvedev. Il revoit le président français, là, dans ce même bureau, si impatient de le voir signer. Il l’entend élever le ton, presque crier : “Tu n’as pas le choix Micha; sois réaliste, tu n’as pas le choix; quand les Russes arriveront pour te destituer, aucun de tes amis, aucun, ne lèvera le petit doigt pour te sauver.” Et quelle étrange réaction enfin quand lui, Micha Saakashvili, a obtenu qu’ils appellent quand même Medvedev; que Medvedev a fait répondre qu’il dormait – il n’était que 21 heures, mais il dormait, et était injoignable jusqu’au lendemain matin 9 heures : le président français, là aussi, s’est emporté; l’ami français, là non plus, n’a pas voulu attendre; pressé de rentrer ? Trop assuré que l’essentiel était de signer, n’importe quoi mais signer? Ce n’est pas comme cela, songe Micha, qu’on négocie. Ce n’est pas comme cela qu’on se conduit avec ses amis.

J’ai vu ce document. J’ai vu les annotations manuscrites qu’y ont apportées les deux présidents, géorgien d’abord, français ensuite. J’ai vu le second document, toujours signé par Sarkozy et confié à Condi Rice, à Brégançon, pour qu’elle le remette à Saakashvili. Et j’ai vu, enfin, le mémorandum de remarques rédigé, dans la soirée, par la partie géorgienne et jugé par elle vital.

Elle a obtenu – et ce n’est pas un détail – que soit biffée toute allusion au “statut” futur de l’Ossétie. Elle a obtenu – et ce n’est pas négligeable – que soit précisé que le “périmètre raisonnable” à l’intérieur duquel les troupes russes étaient autorisées, dans le premier document, à continuer de patrouiller pour assurer la sécurité des russophones de Géorgie devienne un périmètre de “quelques kilomètres”. Mais, de l’intégrité territoriale de la Géorgie, il n’est question dans aucun des documents. Et quant à l’argument de l’aide légitime apportée aux russophones, on tremble à l’idée de l’usage qui en sera fait quand ce seront les russophones d’Ukraine, des pays baltes ou de Pologne qui s’estimeront menacés, à leur tour, par une volonté “génocidaire”… C’est l’Américain Richard Holbrooke, diplomate de fort calibre et proche de Barack Obama, qui, retrouvé, à la fin de la nuit, au bar de notre hôtel commun, aura le dernier mot : “Il flotte, dans cette affaire, un mauvais parfum d’apaisement et de munichisme.” Eh oui. Ou bien nous sommes capables de hausser vraiment le ton et de dire, en Géorgie, stop à Poutine. Ou bien l’homme qui est allé, selon ses propres termes, “buter jusque dans les chiottes” les civils de Tchétchénie se sentira le droit de faire de même avec n’importe lequel de ses voisins. Est-ce ainsi que doivent se construire l’Europe, la paix et le monde de demain?
Source : Le Monde


BHL n'a pas vu toutes ses "choses vues" en Géorgie
http://www.rue89.com/2008/08/22/bhl-na-pas-vu-toutes-ses-choses-vues-en-georgie

Par Rue89
Créé 08/22/2008 - 11:20

Contrairement à ce qu'il a écrit dans Le Monde, le philosophe n’a pu se rendre dans la ville de Gori. Ce n’est pas la seule affabulation.


Photo : Bernard-Henri Lévy à Cannes en 2008 (Eric Gaillard/Reuters).


Qu'on l'apprécie ou non, il faut reconnaître que Bernard-Henri Lévy, qui s'est rendu la semaine dernière en Géorgie, ne manque ni de courage, ni de convictions. Mais BHL n'est pas un journaliste, et le récit qu'il a rapporté pour Le Monde [1], titré « Choses vues dans la Géorgie en guerre », est à prendre avec des pincettes. Ainsi, lorsque BHL déclare qu'il est arrivé à Gori mercredi 13 août et qu'il a vu une ville « brûlée », il affabule. Il n'a pas réussi à entrer dans la ville.

Rue89 a entrepris de faire ce que les confrères anglo-saxons appellent un « fact-checking », une vérification des informations livrées par un reporter. Ce que BHL n'est pas : il est présenté dans le quotidien comme « philosophe et essayiste » et son récit a été prudemment rangé sous l'étiquette de « témoignage ». Il n'en reste pas moins que ce récit occupe deux pages au centre d'un journal jouissant d'une autorité certaine en matière d'information internationale.

Deux jours et demi de balade, dans la confusion de la guerre

Commençons par ce que ne raconte pas le « témoignage » de BHL : les conditions de la balade. Mercredi 13 août, rendez-vous est pris à l'aéroport du Bourget devant l'aérogare de Darta, une compagnie d'aviation privée. Le philosophe a loué un jet pour rallier Tbilissi, qui n'est plus desservie.

Il est accompagné par son vieux complice, l'éditeur Gilles Hertzog, le documentariste Raphaël Glucksmann et un journaliste de France Culture, Omar Ouamane. Plus un garde du corps. Le jet se pose vers midi en Géorgie, « juste pour le déjeuner », précise Raphaël Glucksmann. Prévenue par son ambassadeur à Paris, la présidence géorgienne a dépêché l'un de ses traducteurs pour accompagner BHL durant tout son séjour.

Celui-ci sera court, puisque Bernard-Henri Lévy repartira samedi matin, à 8 heures, de Tbilissi. Il aura donc passé deux jours et demi en Géorgie. L'équipage descend au Marriot Tbilissi, un hôtel cinq étoiles fréquenté par les journalistes et les diplomates.

Plusieurs journalistes français, surpris par sa présence, interrogent dès son arrivée l'intellectuel qui ne cache pas les motifs de son voyage : défendre la liberté en Géorgie contre l'ogre russe. Plusieurs radios, comme France Inter, France Info ou RFI, diffuseront des extraits de ces interviews.

La multiplication des chars

Dans un minibus blanc climatisé, direction Gori, l'une des villes occupées par les troupes russes. Première « chose vue », sur la route :

« Le fait est que la première présence militaire significative à laquelle nous nous heurtons est un long convoi russe, cent véhicules au moins, venu tranquillement faire de l'essence en direction de Tbilissi. »

L'envoyé spécial du Nouvel Observateur, Christophe Boltanski, qui emprunte la même route, le même jour, a compté les véhicules de cette colonne. Il en a recensé trente : six camions de troupes, six camions citernes, sept blindés APC, trois camions essence, six chars, deux ambulances.

Encore quelques kilomètres et l'équipage retrouve un groupe de journalistes, bloqués à un barrage tenu par la police géorgienne. Les journalistes ont suivi Alexandre Lomaia, le conseiller géorgien pour la sécurité nationale, qui avait décidé courageusement de se rendre à Gori, accompagné de l'ambassadeur d'Estonie. Le convoi est bloqué à quelques kilomètres au sud de la ville. BHL descend alors de sa camionnette blanche.

Vincent Hugeux, grand reporter à L'Express [3], s'étonne :

« J'ai reconnu sa silhouette. Il était accompagné de Gilles Hertzog et Raphaël Glucksmann. BHL a même lancé à un journaliste français : 'Ah, mais nous sommes confrères ! ' »

Ne pas voir Gori, mais en parler quand même



BHL franchit le barrage, dans des conditions sur lesquelles nous reviendrons, et racontera dans Le Monde la scène suivante :

« Nous arrivons à Gori. Nous ne sommes pas au centre-ville. Mais, du point où Lomaia nous a laissés avant de repartir, seul, dans l'Audi, récupérer ses blessés, de ce carrefour que contrôle un char énorme et haut comme un bunker roulant, nous pouvons constater les incendies à perte de vue. Les fusées éclairantes qui, à intervalles réguliers, illuminent le ciel et sont suivies de détonations brèves. Le vide encore. L'odeur, légère, de putréfaction et de mort.

“Et puis, surtout, le bourdonnement incessant des véhicules blindés et, une fois sur deux à peu près, des voitures banalisées remplies de miliciens reconnaissables à leurs brassards blancs et à leurs cheveux retenus par des bandanas.

‘Gori n'appartient pas à cette Ossétie que les Russes prétendent être venus « libérer ». C'est une ville géorgienne. Or ils l'ont brûlée. Pillée. Réduite à l'état de ville fantôme. Vidée.’

Problème : BHL n'est jamais ‘arrivé à Gori’, et les Russes n'ont pas ‘brûlé’ la ville.

Que s'est-il passé ? Avec son équipe, il s'est débrouillé pour passer ce premier barrage en compagnie d'Alexander Lomaia et de quelques autres personnes (l'ambassadeur estonien, la députée européenne Marie-Anne Isler-Béguin et la journaliste du Washington Post Tara Bahrampour).

Deux heures plus tard, vers 22h30, dans la nuit noire, BHL est de retour au premier barrage où attend la presse. Il sort du véhicule, le visage grave, et avec sa voix de Malraux, il témoigne devant les journalistes :

‘La ville est nettoyée, Gori est une ville fantôme, il y a des flammes partout ; apparemment pas âme qui vive, Gori a été vidée de sa population. C'est ce que les Russes appellent la pacification.’

L'eurodéputée Marie-Anne Isler-Béguin intervient alors pour démentir : ‘mais non, on n'était pas à Gori’, dit-elle aux journalistes, ‘on a été bloqués à un barrage à 1,5 kilomètre de la ville’. Elle connaît cette région depuis huit ans. Seuls les champs brûlaient, ajoute-t-elle. Les armées brûlent parfois les champs pour éviter le risque des snipers embusqués.

Plusieurs témoins confirment : BHL n'était pas à Gori

Déléguée du Parlement européen pour le Caucase Sud, Marie-Anne Isler-Béguin revient sur l'épisode pour Rue89 :

‘Je viens de découvrir son témoignage. Je suis un peu surprise qu'il n'ait pas tout à fait dit comment ça s'était réellement passé. Mais il a peut-être oublié... J'ai vu Bernard-Henri Lévy pour la première fois lors de ce voyage au check-point où étaient bloqués tous les journalistes, à cinq kilomètres de Gori.

« Si Bernard-Henri Lévy est monté avec Lomaia et moi, c'est parce que j'ai intercédé en sa faveur. C'est lui qui m'a demandé : “Madame la députée, je voudrais me joindre à la délégation.” Et c'est moi qui ai obtenu l'accord de l'ambassadeur d'Estonie. Dommage qu'il ait oublié ce petit détail... En plus, c'est le seul qui soit monté dans la voiture avec son garde du corps.

“Et il y a d'autres approximations. S'il arrive à distinguer les militaires des paramilitaires, il est plus doué que moi. S'il a senti une odeur de putréfaction, moi pas. Il écrit aussi que Gori a été brûlée, pillée et réduite à l'état de ville fantôme, mais à ce moment-là, on ne pouvait pas le dire, tout simplement parce que personne n'y était encore allé. Enfin, nous nous sommes arrêtés à 1,5 kilomètre de Gori.”

Gilles Hertzog, fidèle compagnon de route de BHL, confirme lui aussi la version de l'élue :

“Non, on n'est pas rentrés dans la ville, on est resté à l'orée de la ville, je ne sais pas à combien de kilomètres de Gori. Il faisait nuit, on apercevait vaguement des bâtiments quand il y avait des fusées éclairantes, mais on n'était que sur le bas-côté d'une route. Il y avait des champs qui brûlaient autour de nous, on nous a dit que c'était du 'farming' [des feux allumés par des cultivateurs, ndlr], mais je ne l'ai pas cru.”

Et même divergence avec BHL sur l'odeur de putréfaction :

“Personnellement, je n'ai rien ressenti, mais peut-être que mon ami Bernard-Henri Lévy lui l'a ressentie.”

Dans son reportage, la journaliste du Washington Post raconte elle aussi cette virée [5], mais en précisant bien clairement, en début de l'article, qu'elle n'a pas vu la ville. Le “byline”, l'indication du lieu et de la date du reportage placée au début du texte, est très clair : “OUTSIDE GORI, Georgia, Aug. 13’ [”En dehors de Gori, en Géorgie, le 13 août »].

Vendredi 15 : un ‘braquage’ qu'il n'a pas vu



Et que penser de la seconde tentative pour se rendre à Gori le vendredi ? BHL écrit dans Le Monde :

‘Vendredi matin. Nous décidons, avec Raphaël Glucksmann, Gilles Hertzog et la députée européenne, de revenir à Gori que, suite à l'accord de cessez-le-feu rédigé par Sarkozy et Medvedev, les Russes auraient commencé d'évacuer et où nous sommes censés rejoindre le patriarche orthodoxe de Tbilissi en partance, lui-même, pour Shrinvali, où des cadavres géorgiens seraient livrés aux porcs et aux chiens.

« Mais le patriarche est introuvable. Les Russes n'ont rien évacué. Et nous sommes même, cette fois, bloqués vingt kilomètres avant Gori quand une voiture, devant nous, se fait braquer par un escadron d'irréguliers qui, sous l'œil placide d'un officier russe, fait descendre les journalistes et leur arrache caméras, argent, objets personnels et, finalement, leur véhicule.

“Fausse nouvelle, donc. L'habituel ballet des fausses nouvelles dans l'art duquel les artisans de la propagande russe semblent décidément passés maîtres. Alors, direction Kaspi, à mi-chemin entre Gori et Tbilissi, où l'interprète de la députée a de la famille et où la situation est, en principe, plus calme.”

Le documentariste Raphaël Glucksmann conserve un souvenir différent de ce “braquage”. Le convoi de trois voitures est stoppé au dernier barrage de la police géorgienne où on leur déconseille fortement de continuer :

“Les policiers nous ont raconté qu'une voiture de l'UNHCR [le Haut commissariat aux réfugiés des Nations unies, ndlr] venait de se faire dépouiller au barrage russe. Nous avons donc rebroussé chemin. Je n'ai pas vu cette scène. C'est simple, la route fait un coude et juste après, à 500 mètres environ de là où nous sommes, il y a le barrage russe, mais on ne le voit pas.”

La version de l'eurodéputée sonne, elle aussi, bien différemment de celle de BHL. Contrairement à ce qu'affirme l'intellectuel, elle n'était pas à ses côtés à ce moment précis :

“Le jeudi, les autorités géorgiennes m'ont assuré que je pourrais aller le lendemain à Gori avec un convoi humanitaire. Mais, le vendredi, on attend une heure, deux heures, et on n'obtient toujours pas d'accord des Russes pour faire partir le convoi humanitaire.

‘Je n'ai donc pas pris de voiture en direction de Gori avec Bernard-Henri Lévy. Je n'ai pas non plus cherché le patriarche, qui a eu l'autorisation de se rendre à Shrinvali pour aller récupérer des corps de Géorgiens, car je savais où il était, mais j'ai seulement regretté de ne pas l'avoir contacté avant.

« Je n'avais toujours pas bougé de Tbilissi quand, avec mon assistante géorgienne, on décide alors de se rendre au village de Kaspi, qui n'est pas en zone occupée. Et c'est là que Bernard-Henri Lévy revient vers moi et me dit : “On a fait équipe hier, est-ce qu'on continue à faire équipe ?

Gilles Hertzog, n'était pas non plus avec BHL :

‘Moi, je ne sais pas, je n'étais pas dans la même voiture que lui. Je ne sais plus exactement... Vous savez, on laisse faire nos chauffeurs, ce sont eux qui décident, qui savent où on peut aller.’

Les autos partent en fait à Kaspi pour constater la destruction d'une usine électrique que filmera Glucksmann.

Dernière soirée à Tbilissi, Sartre et la pureté dangereuse

Vendredi, seconde rencontre du philosophe avec le président géorgien Mikheïl Saakachvili. Bloqué depuis plusieurs jours dans sa résidence, le chef d'Etat interroge BHL et Raphaël Glucksmann :

‘Il nous a demandé comment c'était à Gori et Kaspi. Puis, ils ont un échange sur le thème : « Pourquoi l'Occident ne répond pas ?

Dans le récit qu'il a rapporté pour VSD, Hertzog raconte :

“Bernard-Henri Lévy tente de leur remonter le moral. Pourquoi ne pas inciter les pays de l'Otan qui ont appuyé la demande de la Géorgie à se prononcer solennellement ? Pourquoi ne pas tenir vos conseils des ministres dans une ville menacée ? Saakachvili retrouve un instant le sourire. 'Très bonnes idées ! ', lance-t-il.”

Ensuite, selon Glucksmann, les deux hommes parlent philosophie :

“Saakachvili a lu 'La Pureté dangereuse' et puis il a eu une prof de philo, ancienne correspondante de Sartre, et comme BHL a écrit sur Sartre...”

Retour à l'hôtel à l'aube, fin de l'escapade, tout le monde reprend l'avion vers 8h du matin. Direction Nice, où BHL a un rendez-vous. La folle vie continue.

Le journal britannique The Independent [7] ne s'est pas trompé sur la leçon à tirer de toute l'histoire. Dès lundi 18 août, il écrivait :

« Les Américains ont envoyé des couvertures, les Estoniens des médecins, mais ce sont les Français qui, assurément, sont venus au secours des gens de l'Ossétie du Sud en proposant d'envoyer leur 'nouveau philosophe' [en français dans le texte, ndlr] Bernard-Henri Lévy. »

Julien Martin, Pascal Riché et David Servenay



Liens:
[1] http://www.lemonde.fr/europe/article/2008/08/19/choses-vues-dans-la-georgie-en-guerre-par-bernard-henri-levy_1085547_3214_1.html
[2] http://www.rue89.com/2008/08/21/les-reponses-de-bernard-henri-levy-a-rue89
[3] http://www.lexpress.fr/actualite/monde/gori-ville-fantome-et-cite-interdite_550120.html
[4] http://www.rue89.com/2008/08/24/droit-de-reponse-de-gilles-hertzog
[5] http://www.washingtonpost.com/wp-dyn/content/article/2008/08/13/AR2008081303759.html
[6] http://www.rue89.com/2008/08/23/droit-de-reponse-de-raphael-glucksmann
[7] http://www.independent.co.uk/opinion/columnists/pandora/pandora-bernardhenri-lvy-french-gift-to-georgia-900650.html

Les réponses de Bernard-Henri Lévy à Rue89
http://www.rue89.com/2008/08/22/les-reponses-de-bernard-henri-levy-a-rue89

Avant la publication de notre article BHL n'a pas vu toutes ses « choses vues » en Géorgie, nous avons naturellement demandé des précisions à l'auteur du témoignage dans Le Monde. Précisions qu'il a, après un bref échange téléphonique, préféré apporter par e-mail. Voici ses réponses.

Le Monde vous a-t-il commandé cet article ou l'avez-vous proposé ?

Proposé, naturellement.

Vous avez pris un jet privé de la compagnie Darta. Qui a payé cette location ?

Cela ne vous regarde pas.

Vous écrivez : « Le fait est que la première présence militaire significative à laquelle nous nous heurtons est un long convoi russe, cent véhicules au moins, venu tranquillement faire de l'essence en direction de Tbilissi. » Où, à quelle heure, les avez-vous comptés ?

Autour de 17 heures ; mi chemin entre Tbilissi et Gori.

Comment arrivez-vous à franchir le mercredi le barrage de la police géorgienne où sont retenus tous les journalistes sur la route de Gori ?

Grâce, j'imagine, à l'autorité de Gotcha Javakhishvili, staff member du cabinet présidentiel, qui m'accompagne.

Vous écrivez : « Nous arrivons à Gori. Nous ne sommes pas au centre-ville. » Alors, où êtes-vous ?

Comme les mots le disent, dans les faubourgs de la ville.

Quels sont « les incendies à perte de vue » dont vous parlez ?

Essentiellement des champs.

Vous écrivez que le vendredi, sur la route de Gori : « Nous sommes même, cette fois, bloqués vingt kilomètres avant Gori quand une voiture, devant nous, se fait braquer par un escadron d'irréguliers qui, sous l'œil placide d'un officier russe, fait descendre les journalistes et leur arrache caméras, argent, objets personnels et, finalement, leur véhicule. » Où cette scène se déroule-t-elle ? L'avez-vous vu personnellement ? Qui sont les journalistes que vous citez ?

Dernier check-point géorgien. La police fait remonter tout le monde dans les voitures et leur fait faire demi-tour. J'ignore qui sont ces journalistes.

Connaissiez-vous personnellement Mikheïl Saakachvili avant de le rencontrer dans la nuit de mercredi à jeudi ?

Non.

Vous attribuez une phrase à Nicolas Sarkozy : « Tu n'as pas le choix Micha ; sois réaliste, tu n'as pas le choix ; quand les Russes arriveront pour te destituer, aucun de tes amis, aucun ne lèvera le petit doigt pour te sauver. » A quel moment précis a-t-elle été prononcée ?

Lors de leur rencontre.

Confirmez-vous cette phrase de l'article de Gilles Hertzog dans VSD : « Bernard-Henri Lévy tente de leur remonter le moral. Pourquoi ne pas inciter les pays de l'Otan qui ont appuyé la demande de la Géorgie à se prononcer solennellement ? Pourquoi ne pas tenir vos conseils des ministres dans une ville menacée ? Saakachvili retrouve un instant le sourire. 'Très bonnes idées ! ', lance-t-il. » ?

J'ai proposé ces deux idées. L'avenir dira si Saakachvili les a trouvées « bonnes ».

Vous écrivez aussi : « J'ai vu ce document. J'ai vu les annotations manuscrites qu'y ont apportées les deux présidents, géorgien d'abord, français ensuite. J'ai vu le second document, toujours signé par Sarkozy et confié à Condi Rice, à Brégançon, pour qu'elle le remette à Saakashvili. » Quel est le contenu de ces annotations ?

Je n'ai pas voulu en dire plus, pour le moment. Si la suite des événements m'amène à changer d'avis, vous le saurez. Interrogez les Géorgiens.

Enfin, depuis votre retour samedi 16 août, avez-vous eu des contacts avec le président français à propros de la guerre en Géorgie ?

Avec le Président, aucun. Avec Jean-David Levitte [son conseiller diplomatique, ndlr], oui.





Si Otan & CE oblige, la Grèce a suivit le pas et aboyé contre la Russie, elle se refusa cependant d'aller mordre les mollets de l'ours moscovite. Un bon début, un exemple à suivre pour France et Belgique. La suite, c'est de retrouver l'indépendance européenne par rapport à Washington
RUSSIA TENSION - Saturday August 30, 2008
Athens says Moscow should not be isolated over Georgia

http://www.ekathimerini.com/4dcgi/_w_articles_politics_100014_30/08/2008_99976

Greece warned yesterday that the European Union and NATO should not isolate Russia over its conflict with Georgia. Athens has condemned Moscow’s decision to recognize the regions of South Ossetia and Abkhazia as independent countries but believes that dialogue with Russia should be maintained. “In the current international environment, it is logical that Russia’s relations are going through a critical phase,” said Foreign Ministry spokesman Giorgos Koumoutsakos. “But for us it is clear that isolation is not a solution.” Koumoutsakos did not respond to comments from Russian ambassador Andrei Vdovin who criticized Greece for adopting a harsher stance against Russia’s recognition of South Ossetia and Abkhazia than when other states approved Kosovo’s independence.

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