lundi 24 février 2014

Ukraine, nazisme, et soutien occidental à un rêve vendu à un peuple

Depuis des mois, nous constatons, impuissants, la montée de la violence en Ukraine. Depuis 20 ans déjà, l'épuration ethnique y était larvée. Soutenue par nos élites dont la russophobie n'est même plus camouflée par du langage diplomatique - ils haïssent la Russie qui résiste au Nouvel Ordre Mondial, à la destruction de la famille traditionnelle, etc. Donc tout ce qui peut l'affaiblir ou la perturber, ils approuvent. Quitte à soutenir.. des NAZIS. Car la moitié des groupes insurrectionnels en Ukraine se réclament ouvertement du nazisme, et les slogans anti-russe se partageaient l'audience avec les slogans anti-sémite. Et nos glorieux dirigeants ont pourtant soutenu "en notre nom." Car ce faisant, ça leur permet de faire oublier tout ce qui se passe de dramatique chez nous - les flopées d'usines qui ferment, les rangs toujours plus fournis de pauvres et de crève-la-faim dans nos rues, etc.. Ce dont bien entendu ils ne font pas étalage lorsqu'ils sont invités par les journalistes ukrainiens d'opposition au pouvoir légitimement élu..

Une voix ukrainienne s'élève contre tout ça. Lisez. et aux prochaines élections, n'oubliez pas qui aura soutenu le nazisme...





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LETTRE OUVERTE DE L’ÉCRIVAIN ET PUBLICISTE UKRAINIEN PLATON BESSEDINE AUX PARTISANS DE "EUROMAIDAN"

Amis, patriotes, libérateurs ! Comment vous dénommez-vous encore ?
Extrémistes, fascistes, criminels ! Comme vous appellent ceux qui ne vous dénomment pas comme vous le faites.
Je m’adresse à vous. Avec l’espoir, pardonnez-moi cette audace fâcheuse, non que vous me comprendrez, non (ni vous ni moi ne pouvons nous permettre cette sottise) mais que vous m’écouterez jusqu’au bout.
Oui, je comprends, vous êtes occupés de votre affaire importante et héroïque. Vous n’avez rien à faire de moi. Vous scandez : "Gloire à l’Ukraine ! Gloire aux héros !" Vous arrachez des pavés. Vous construisez des barricades. Vous brûlez des maisons. Vous faites sauter des voitures. Vous tuez des gens. Vous luttez contre le régime.
Vous êtes des types bons et justes. Et nous, nous sommes "ceux qui ne sont pas avec nous sont contre nous", des traîtres, des minables, les laquais d’un régime de bandits. Nous sommes les Ukrainiens de l’autre Ukraine.
Oui, nous avons été tous achetés par la propagande de Moscou. Nous brûlons vos drapeaux. Habillés de l’uniforme des "Berkout" nous tirons sur les Ukrainiens. Nous sommes main dans la main avec Ianoukovitch. Nous avons tous des comptes dans des banques suisses, américaines, allemandes (ou que sais-je encore, c’est vous qui voyez). Nous sommes répugnants, de vils avortons, des traîtres, des moscovites.
Continuez, continuez la série infernale. Haïssez de toute la largeur de vôtre âme, au contraire de nous, mollusques.
Vous vous souvenez comment dans "l’avocat du diable", l’accusé, saisissant Kevin Lomax au revers lui demande : "Mais nom de Dieu qu’est-ce que tu fais? Les jurés vont me détester" ? Et celui-ci lui répond : "Je me plie en quatre pour que cela se produise". Eh bien voilà, moi aussi, je veux que vous nous détestiez. Peut-être qu’alors enfin vous nous laisserez tranquile et cesserez de prétendre à un monde qui n’est pas le vôtre.
Vous dites que vous n’avez pas commencé la guerre ? Vous mentez. C’est vous, et pas nous, qui êtes sortis dans le centre de la ville et avez installé les toilettess à côté de la cuisine, avez braillé des chansons sanguinaires, scandé des slogans russophobes et antisémites, brûlé tout ce qui brûle et ne brûle pas. Ce n’est pas nous qui avons enfourché un bulldozer et jeté sur les Ukrainiens des cocktails Molotov.
Mais si j’étais arrivé dans un village des Carpathes ou dans une petite ville près de Lvov , armé d’une batte ou d’un fer à béton, et avais commencé à l’agiter en fracassant des crânes de l’ouest, admettons, abattant un premier, un deuxième et un troisième en criant des slogans sacrés, on ne le contestera pas, vous vous seriez sûrement fâchés.
Vous pouvez le faire, mais pas moi.
Bien sûr, vous aviez un prétexte. Certainement le même que celui qui vous donna le droit, en 2004, de défiler dans les rues d’Odessa, de Dniepropetrovsk, de Sébastopol, de défigurer les monuments, les musées avec des croix gammées, de chanter des hymnes de haine, de molester les citadins. Mais permettez, nous vous avions invités ? Nous vous avions demandé de nous expliquer comment vivre ? Je ne m’en souviens pas.
Mais en revanche, les drapeaux oranges, rouges et noirs, les portraits de Stépane Bandera, les scansions "Mort aux Russes",(à propos, en passant, nous sommes Ukrainiens), les promesses de la "Führesse" d’alors de mettre Sébastopol à genoux, de noyer Odessa dans la mer Noire, je m’en souviens très bien. Nous nous en souvenons tous. Et ces souvenirs nous font souvent mal comme une ancienne fracture. Selon le temps ou n’importe quelle saloperie. Ils nous font mal depuis plus de vingt ans. C’est comme cela que nous sommes, impossibles à dresser.
C’est pourquoi, pas d’offenses ni de confrontations. Nous sommes seulement différents. Vous avez votre chaumière dans votre coin, nous avons la collégialité. Nous consacrons nos rues à Pouchkine et pas à Doudaïev. Nous avons des fabriques et des usines, et vous des fermes et des pâtures. Nous ne sommes pas prêts à canoniser l’Organisation des Nationalistes ni à nous prosterner devant Stépane Bandera. Nous ne méprisons pas, comme vous, tout ce qui est russe. Et dans l’ensemble, nous n’allons vers l’Europe qu’avec méfiance. Nous sommes différents. Nous sommes nés comme cela. Et c’est notre droit.
Mais depuis plus de vingt années, sans relâche, vous voulez nous refaire, nous modeler à votre image, nous changer. Vous réécrivez notre histoire. Interdisez notre langue. Insultez nos ancêtres. Nous humiliez. Et après cela vous prétendez ne pas avoir commencé la guerre ?
Vous avez pourtant vu cette scène (et peut-être y avez-vous pris part personnellement) avec ce soldat du "Berkout" à qui on avait arraché un oeil ? Le sang coule, l’homme respire à peine, et on le laisse mourir, malgré un médecin à proximité, tandis que quelqu’un chante avec émotion l’hymne ukrainien ? Un cri : "Les urgences, appelez les urgences" ! Et le patriote ukrainien, hors du champ, ordonne d’une voix indifférente : "Pas d’urgences. C’est un prisonnier". Et d’autres patriotes filment la mort d’un homme, un Ukrainien.
Comme ce soldat du "Berkout", vous nous avez pris en otages. Depuis plus de vingt ans. Et vous avez appelé cela l’ukrainisation. Bien que nous ne fussions pas moins Ukrainiens que vous. C’est alors qu’ont commencé les tortures, déguisées en lutte pour la liberté. Mais il nous semble, pardonnez-moi que même ainsi, nous sommes plus libres que vous.
Oui, je me souviens, je n’oublie pas : c’est que vous vous battez pour nous tous. En une guerre sacrée qui se déroule selon l’esthétique de Prokhanov : l’affrontement des forces supérieures, des idées absolues, du Bien et du Mal. Et vous êtes sûrs que vous allez triompher. Gloire aux héros !
Mais nous n’en voulons pas, de votre victoire. Peut-être que nous agissons d’une façon vile et mesquine mais nous n’en voulons pas. Des petits-Russes ingrats aux cerveaux lavés par la propagande soviétique. Ficelés par les rubans de l’ordre de saint Georges. Pardonnez-nous cette offense. Nous ne voulons pas nous battre pour vous. Et nous ne vous demandons pas de le faire. Bien que nous soyons aussi Ukrainiens, comme vous. A chacun ses représentations de la merde, de la manne, de l’enfer et du paradis.
Nous n’avons pas besoin de vos sacrifices. De votre sang. De vos larmes. De votre malheur. Ils éveillent de la tristesse, de la douleur, de la compassion. Et de la peur. Et de la répugnance. Et de la haine. Parce que nous ne voulons surtout pas de nouvelles victimes. Car nous n’avons pas déclaré de guerre. C’est la vôtre, buvez-la jusqu’à la lie. En nous mûrissent l’agacement, le mépris, la colère. Plus vous êtes près de la victoire, plus vous êtes loin de nous. Et nous voulons de plus en plus rester seuls, sur notre territoire. Sans vous. On dit de plus en plus souvent dans les conversations qu’il est temps de faire sécession. Aussi souvent qu’on tire des coups de feu à Kiev.
Nous sommes contre votre guerre. Nous ne voulons pas y participer. Nous ne le ferons pas. Et n’allez pas vous couvrir en nous prenant en otages. Car même comme otages, à vrai dire, nous ne valons pas grand-chose.
Oubliez-nous. Laissez-nous crever de faim et de pauvreté. Souffrir sous la botte impériale russe. Trimer dans les usines et les fabriques. Oui, nous construirons la maison nous-mêmes. D’une façon ou d’une autre. Ce sera dur, mais que faire, on se passera de vous. Je pense que la Russie aussi se passera de vous : de deux millions d’Ukrainiens occidentaux qui sont en concurrence avec les immigrés d’Asie pour le droit au travail. Il n’est pas convenable de manger le pain de ceux que vous détestez. Ces jours-ci, d’ailleurs, j’ai voyagé avec trois de ces patriotes. J’avais peur de me mettre à parler russe. Mais en arrivant à la frontière, il s’avéra que ces trois habitants de Stry parlaient magnifiquement le dialecte moscovite maudit.
C’est très simple, mes chers amis rouges bruns (ou pas amis, c’est comme il vous plaira) : vous êtes forts, honnêtes et hardis. De véritables héros ukrainiens. Et nous sommes du matériel inutile et usé. Nous ne voulons pas jeter de cocktails Molotov, ni tirer, ni brûler des pneus, ni aller à l’attaque, ni nous battre.
Alors laissez-nous tranquile. Ce n’est pas notre guerre. Nous allons étudier, travailler, élever nos enfants dans notre pays dont vous n’avez, vous les héros, croyez-moi, nul besoin. Comme nous n’avons nul besoin de votre Ukraine.


Нам не нужна ваша Украина!
http://www.km.ru/world/2014/02/21/protivostoyanie-na-ukraine-2013-14/732962-nam-ne-nuzhna-vasha-ukraina
Открытое письмо украинского писателя и публициста Платона Беседина сторонникам «Евромайдана»
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